Cassandre

A/V PERFORMANCE

“Cassandre” est une performance audiovisuelle mêlant image, son et voix. Dans cette création immersive, les artistes Pablo Gracias (vidéo), Anton Bdvs (musique et sound design) et Baron Zilief (voix et texte) nous accompagnent dans ce voyage sensoriel au delà du temps, en traversant l’essoufflement du mode de vie capitaliste, l’appauvrissement de nos ressources et en questionnant la place de l’humain dans l’équilibre de notre planète. C’est un cri d’espoir adressé au futur dans cette ode à la transformation de nos sociétés contemporaines.

Nous jouirons
jusqu’à la poussière
jusqu’au néant
nous remplirons
nos gueules
nos vides
nos manques
et nos peurs de manquer.

Nous récolterons
jusqu’à la dernière graine.
Jusqu’à la dernière goutte
nous épuiserons la sève.
Nous saignerons
la vie,
nous tuerons l’œuf et la poule.

Là où coulait l’eau pure,
quand nous aurons bétonné
Remplacé les forêts par d’utiles parkings
Transformé en déserts l’océan imbécile
Exploité
Empaqueté
Pressurisé

Consommé,

Nous ne fleurirons plus,
Humanité fanée
Tes pétales s’étalent
à tes pieds.

Ta couronne immense
ne coiffe plus que les cendres.
Petits poulets sans têtes
Nous courons au désastre,
Nous dansons insouciants
En nous riant du gouffre.

Nous sommes pressés
débordants de temps
convaincus d’en manquer
courant après demain,
plus vite que l’horloge
nous n’attendrons plus
le prochain cycle,
nous n’attendrons plus
le renouvellement
nous refusons de poireauter
jusqu’au retour du printemps.

Nous nous enracinons
Dans nos mythes,
pourrissant à l’ombre des lauriers.
La croissance est une croyance,
Une religion à temps plein.
Prie la Main Invisible,
Gloire au profit.
La fin du monde fait les 3-8
à fond la fuite vers l’horizon sale.

On fabrique des usines
Qui fabriquent des filtres
Qui dépolluent les usines.

Tronçonne les arbres
Pour planter des climatiseurs.

Tout est disrupté
Tout est sacrifié
Tout est accompli

Petit Icare
grandi trop vite
poussé trop haut
retombe
en flammes
sur le nez des Cassandre.

L’avenir a un goût de cendres.
L’avenir, l’avenir,
Tout le monde descend !
Tout le monde descend tout le monde !

Avalons, à la lie,
Le philtre aux amnésies
Overdose de futurs
Tue le futur

Il te faudra dégueuler tes utopies carbone
Ou rejoindre l’orchestre
Sur le pont du Titanic

VICTIME
COMPLICE
COUPABLE

C’est à toi que je m’adresse
C’est à moi que je m’agresse
Animal nourri de ton sang,
Mange tes petits,
Rongeur énergivore
Épuiseur de ressources
Programmeur d’obsolescence
Vampire
Cannibale
Dévoreur de planète

CHANGES OU DISPARAIS.
DARWIN OR LOSE.

Sur ce chemin du toujours plus,
Nous courons au néant.
Il nous faudra tout perdre…

Ou cultiver le goût
de faire mentir
les prophètes.

OK Bloomer.

On s’est plantés.

À court d’idées.

Et on se replantera.
En espérant cette fois
qu’une idée nouvelle germera.

Re-cycler l’idéologie
c’est remettre les idées en cercle,
et les regarder pousser,
arroser
et attendre

Contre la tempête
Veiller au grain,
en surveillant la graine.

Être nouveau
à nouveau,
miser sur le cyclique,
le recyclique,
l’organique,
le rhizomique,
greffer, arroser, protéger les bourgeons,
être radical en ce sens qu’on revient aux racines,
révolutionnaire parce qu’ayant déjà fait un tour,
on revient au début,
en sachant qu’il y aura une fin,
et qu’on n’est pas si pressés de la voir
qu’on ait besoin d’accélérer pour l’embrasser.

Devenons enfin évolutionnaire.

Il nous faudra réinventer le monde
ou mourir sur son dos en l’épuisant.
Sortir de la culture parasitaire
pour entrer dans la logique symbiotique.
Retrouver dans le passé
des bifurcations pour s’écrire un futur,
sortir du piège de la nostalgie
ou de la tentation trans-humaniste
d’une élite de néo-privilégiés,
pour définir un dépassement de la nature
qui soit en accord avec la nature,
qui la prolonge pour aller plus loin,
qui ne nie pas que nous n’en sommes qu’un facteur
et pas le maître.

La prochaine page de l’aventure humaine
ne s’écrira pas sur un autre livre
que celui où nous vivons.

Trois astronautes milliardaires
ne font pas un avenir pour l’espèce,
mais juste une évasion,
un feu d’artifice illuminant le cimetière.

Nous sommes la Terre.
Nous en ferons
une prison
ou une maison.

L’avenir est un combat
Les armes sont dépassées,
comme l’était le passé déjà.


De tout temps,
L’optimisme
est une lutte
sans fin
contre le pire.

Nous sommes racines.
Au pied du mur
Où l’on danse,
Il faut choisir.

Fleurir ou flétrir :
Espérer ou périr.

Baron ZIlief